January 5, 2020

Africa Eco Race 2020

by geoffroy Noel de burlin in Palmarès

Retour sur 12 jours de course

En 2018 Polaris sort sur le marché le premier SSV monoplace. Voici enfin la machine que j’attendais pour me lancer un nouveau défi : être le premier paraplégique à rallier Dakar au départ de Monaco, seul au volant d’un buggy, combinant navigation et pilotage, dans le plus pur esprit du légendaire “Paris-Dakar”.

Avant cela, je fais un passage en juin 2019 au Morocco Desert Challenge afin de faire un test grandeur nature, de connaître la machine et de la préparer au mieux. Test réussi avec une 8ème place en SSV sur 70 participants, c’est plutôt bon signe!

Mon choix de participer à l’Africa Eco Race 2020 était évident : réaliser un rêve d’enfant. Depuis tout jeune j’ai été subjugué par les images des pilotes traversant le sable et les dunes durant 2 semaines. Un esprit de compétition, d’aventure, d’entraide et d’humilité règnent au sein de cette aventure. Il y a 12 ans Jean-Louis Schlesser et René Metge ont ressuscité le rallye-raid à la Thierry Sabine.

Grâce à Nicolas Hoogsteyns & Corentin Rousseau (BCR Racing), qui ont sacrifié leurs dimanches et quelques soirées, mon Polaris RZR RS1 fut prêt pour prendre le départ vers Menton afin d’effectuer le contrôle technique et toutes les démarches administratives.

Nous quittons Ohain le 2 Janvier 2020. Mon père Marc nous conduit. Il me soutient dans mes aventures depuis toutes ces années. Mon ami Gauthier Duwelz m’accompagnera aussi tout au long du périple pour faire la mécanique, l’entretien et réparation du Polaris tout en assurant la logistique aux bivouacs. En deux mots, il roule la journée et travaille la nuit !

Le 4 janvier, nous voici enfin sur la ligne de départ à Monaco! Une belle soirée était organisée pour l’événement. Mon cœur battait à 100 à l’heure en me remémorant le parcours du combattant juste pour pouvoir être présent au départ. Entre les préparations de la machine, la logistique et le nerf de la guerre: pouvoir trouver les fonds nécessaires pour boucler un budget important. Je ne remercierai jamais assez tous mes sponsors et partenaires pour leur aide!

Etape 1 : Tanger – Tarda

Après deux jours sur le bateau, nous arrivons le 7 janvier à Tanger (Maroc): les choses sérieuses commencent par une étape de liaison de 754 kilomètres, dont un secteur chrono de 22 kilomètres à travers une forêt sablonneuse. Peu de kilomètres mais un gros morceau de navigation où plus d’un a perdu de précieuses minutes. Belle entrée en matière, le ton est donné. La navigation ne sera pas facile !

Etape 2 -3 : Tarda – Mhamid – Assa

Les pistes marocaines sont jonchées de cailloux et de pièges divers: crevasses, saignées, etc. De plus elles sont relativement roulantes, ce qui n’est pas à mon avantage car je ne peux rester longtemps à un régime élevé au risque de casser ma courroie de transmission voire même le moteur. Ayant déjà eu l’occasion de rouler sur ce genre de piste, il est plus facile de perdre du temps que d’en gagner.

Objectif: économiser la machine tout en restant dans le bon « wagon ». Nous traversons l’Erg Chegaga au cap, soit 28 kilomètres à parcourir sans aucune autre indication qu’un cap à suivre ! Pas facile sachant qu’il est impossible d’aller en ligne droite dans les dunes!

Etape 4-5-6 : Assa – Smara – Dakhla

A nouveau de belles pistes taillées pour les voitures qui peuvent atteindre des vitesses de pointe de 180km/h tandis que je plafonne à 100 km/h. De nombreuses portions de navigation donnent du fil à retordre à tout le monde. Lors de ma dernière spéciale pour rejoindre Dakhla, une note prêtant à confusion envoie une bonne partie des pilotes ‘’jardiner’’. Malheureusement, je fais également l’erreur et je me retrouve, de ce fait,  seul au beau milieu d’une plaine avec mon réservoir sur la réserve. Un bref moment de solitude face à l’étendue du désert! Je vous parlais plus haut d’humilité… elle est évidente quand nous pensons que dans le passé des pilotes vivaient la même chose sans tous nos moyens de navigations et communications modernes! Quelques minutes plus tard, un nuage de poussière au loin m’indique la direction. Je rejoins le bivouac ! J’y suis arrivé à la vapeur d’essence.

Objectif Maroc : ça, c’est fait !

A la moitié du périple, je suis 4ème SSV et 14ème au général (Auto-Buggy-SSV-Camion)

Pas de problème majeur durant cette première moitié de course, juste une crevaison à 20 km d’un ravitaillement où je profite de la solidarité des concurrents pour changer ma roue.

Dimanche 12 janvier, la journée de repos est la bienvenue. Elle nous permet de faire un bon check-up de la machine et de recharger les batteries pour la suite qui s’annonce copieuse. De plus, c’est la première fois que je vais rouler en Mauritanie. Selon les anciens participants les pistes y sont sablonneuses et les dunes difficiles. Les deux premières étapes Mauritaniennes sont annoncées comme les plus difficiles de cette édition. Je prends le parti d’y aller doucement, l’objectif étant avant tout de rallier Dakar!

Etape 6: Dakhla- Shami

Nous passons les postes frontières en empruntant le fameux « no man’s land » jonché de carcasses de voiture au sol. Un paysage de fin du monde, ambiance..!

C’est parti pour 176 km de spéciale dans le sable mauritanien. Je me rends vite compte qu’il va falloir gérer l’essence car le sable mou fait grimper la consommation de carburant. Mon autonomie de 250 km n’est pas suffisante dans de telles conditions. Résultat, j’embarque 15 litres d’essence en plus pour les autre spéciales et lors des passage aux Check Points je fais le complément afin d’arriver au ravitaillement essence. La piste me convient plutôt bien: je fais mon premier scratch SSV. Je termine la journée à la 2ème place du classement général SSV.

Etape 7 : Shami – Aidzidine

Les pistes sont vraiment un pur régal avec mon Polaris RZR RS1. La combinaison de la navigation et de la conduite me plait de plus en plus même si cela me demande une concentration supplémentaire. Sur les 20 derniers kilomètres avant le ravitaillement, je suis obligé de rouler à l’économie, mon réservoir est plus que vide! Je ne suis pas le seul à devoir être attentif à ma consommation: 800 mètres avant le ravitaillement, un concurrent n’a pas la même chance et se retrouve immobilisé! Je le tracte donc jusqu’au point de ravitaillement. L’entraide entre concurrent prime sur la compétition, cela sera un fil rouge durant tout ce rallye !

Ensuite c’est reparti pour l’enchaînement de cordons de dunes où l’agilité des SSV est un réel avantage. Résultat: un tout beau SCRATCH au général (auto-camion-buggy-ssv) et le scratch en catégorie SSV. C’est tout simplement incroyable, je signe mon premier scratch sur une rallye-raid au général, le premier pour un SSV dans une telle compétition! Une façon plutôt rassurante de découvrir la Mauritanie !

Etape 8 : Aidzidine – Tidjikja

Au moment de partir, la marche avant reste bloquée !!! Impossible de mettre le neutre et encore moins la marche arrière. La réparation n’est pas possible avant le départ. L’étape est annoncée comme très difficile avec beaucoup de dunes. Bref, bon début de journée! Pas le choix, je pars quand même… de toute façon, la marche arrière est la position que j’utilise le moins!!! Quelques kilomètres après le CP1, je crève un pneu. Je descends du buggy pour changer de roue, ce qui me fait perdre de précieuses minutes. De ce fait je roule sur des œufs afin de pouvoir terminer sans nouvelle crevaison. Je reste à la 2ème place à 30 secondes du 3ème. Tout reste jouable !

Etape 9 : boucle Tidjikja/Tidjikja

La plus belle étape du rallye en terme de paysage et de pilotage… Nous alternons les dunes, les passages ensablés dans les canyons…Bref, je me régale. Dans les quelques portions plus roulantes, la bataille fait rage pour les 2ème & 3ème place du classement SSV, où les écarts se comptent à moins d’une minute entre les trois machines.

Etape 10 :Tidjikja – Idini

Une première liaison de 70 kilomètres sur piste, durant laquelle j’entends un bruit de pot d’échappement…. Impossible de faire demi-tour pour aller réparer ! Je trouve des boules Quies® pour le bruit. Je me place sur la ligne de départ, en croisant les doigts pour que ça tienne.

Malheureusement après 10 kilomètres je sens une odeur de brûlé… et quelques secondes après un grand nuage blanc dans le buggy! La cloison pare-feu est percée et le plastique commence à prendre feu. Je n’ai pas d’autres choix que de m’arrêter et de faire appel au camion balai ! Je pourrai utiliser mon Joker, pour éviter l’élimination, mais je prendrai tout de même 9 heures 30 de pénalité. Le top 3 SSV vient de partir en fumée…littéralement!

Grâce à Gauthier qui répare l’échappement dans la nuit, nous sommes sur la ligne de départ le lendemain matin. Nous sommes de retour dans la course : objectif DAKAR!

Etape 11 et 12: Idine – St Louis – Dakar

La longueur de l’épreuve commence à solidement se faire sentir! Une nuit blanche, la fatigue cumulée, 10 jours de courses, et surtout la grande déception de voir ce podium en catégorie SSV s’envoler… alors qu’il était à portée de main. Si la mécanique a ses limites, moi la mienne est à Dakar ! L’étape de 473 kilomètres, dont 187 de spécial et le passage de frontière vers le Sénégal pour ensuite arriver à Dakar, devient le seul objectif.

Mis à part une courroie cassée durant cette spéciale, que je répare sur le bord de la piste, tout se passe bien jusqu’à Dakar!

Le lendemain, dimanche 19 janvier, nous prenons le départ en ligne pour 22 kilomètres: c’est la dernière spéciale qui part de la plage pour rejoindre le mythique Lac Rose pour atteindre l’arrivée de cette magnifique aventure. C’est fait, nous sommes arrivés!

Conclusion :

Nous sommes partis, Gauthier et moi, avec 6 malles, 4 roues de rechange, dans l’équipe des “malle-moto”, un team formidable qui nous aura aidé tant par ses coups de mains en mécanique que sa gentillesse et sa bonne humeur!

Je retiens ces magnifiques paysages, un tracé exceptionnel, un esprit d’entraide et de belles rencontres entre passionnés mais aussi mes deux scratchs SSV & le scratch au général (auto-camion-buggy-ssv) de l’étape 7, ainsi que la première place comme pilote solo.

Je peux dire maintenant que nous faisons partie de la grande famille de l’Africa Eco Race. Sans aucun doute, je serai donc présent à la réunion familiale annuelle de l’Africa Eco Race 2021!

L’invitation est lancée à tous ceux qui veulent être mes partenaires pour aller chercher un nouveau succès dans ce légendaire événement !

Enfin, Il me reste encore à remercier ceux qui m’ont accompagnés durant ce périple. Un grand MERCI à:

  • Gauthier Duwelz, d’avoir pris soin tant de la machine que de son pilote, sans quoi je ne serais pas arrivé au Lac Rose;
  • Nicolas Hoogsteyns et Corentin Rousseau qui ont préparé mon Polaris RZR RS1;
  • Brieuc Noel de Burlin, pour son coup de main dans la recherche de partenaires, etc…, et grâce à qui vous avez pu suivre mon aventure sur mes réseaux sociaux;
  • A toute l’équipe Sunreef Yacht, pour sa sympathie et son poste à souder !
  • Sans oublier Jonathan de Quad Bike Evasion pour ses coups de mains;
  • Tout le Staff de l’Africa Eco Race pour nous avoir fait vivre un rêve (Anthony, Véro, Jean Louis, Manfred…);
  • Enfin, aux nombreux partenaires et sponsors qui ont soutenu mon projet:

X-raids

SSV European Trophy

Polaris Benelux (merci à Lynda Provoost)

scratchidesign

Delacroix&Partners

ATT Racing

CFTB (merci à Bertrand Lecourtois)

Dibelco

Sanivip BVBA

Bureau SERWY S.A.

TCI Adaptation

RACB Belgium

Corentin Rousseau de BCR Racing

Nicolas Hoogsteyns

Hydrojet

Enduro Adventure Organisation

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