January 8, 2020

Le soir 7 janvier 2020

by geoffroy Noel de burlin in Articles de Presse

Geoffroy Noël de Burlin: «Je me traînerai sur les fesses s’il le faut»

Paralysé des jambes depuis un accident en snowboard en 2004, le Brabançon aime relever des défis hors normes. À tout juste 40 ans, notre compatriote tente de rejoindre Dakar dans un petit engin qu’il ne partage avec personne. Une grande première sur la course africaine.

Ainsi va la vie. Celle de Geoffroy Noël de Burlin a pris un tournant tragique le 25 mars 2003 quand une vilaine chute dans les Alpes l’a privé de l’usage de ses jambes. Le tout récent prof de gym, fondu de snowboard et de… boxe américaine, aurait pu se lamenter sur son sort. Lui qui pratiquait environ 20 heures de sport par semaine s’est retrouvé dans un état de dépendance totale du jour au lendemain.

Compétiteur dans l’âme, il y a pourtant vu le moyen de relever d’autres défis. « Dans un premier temps, je me suis totalement engagé dans ma revalidation pour redevenir autonome », explique-t-il. « Par la suite, il m’a fallu retrouver un sport qui me procure une bonne dose d’adrénaline. Comme je suis passionné de sports mécaniques depuis l’enfance, je me suis naturellement tourné vers le pilotage d’un petit buggy. »

Pour ses 40 ans (le Belge a fêté sobrement son anniversaire entre Savone et Tanger), Noël de Burlin s’attaque à un défi particulièrement épicé : disputer l’Africa Race seul au volant d’un Polaris.

« Apparemment, c’est la première fois qu’une personne à mobilité réduite roule en solo dans cette course », raconte Geffroy. « Je suis conscient que le challenge est de taille mais je me suis bien préparé. À plusieurs reprises, déjà, j’ai arpenté le désert comme pilote et comme copilote. J’ai donc acquis une petite expérience des deux fonctions. La navigation seul à bord ne me fait pas peur. Après tout, je vais connaître exactement les mêmes sensations que les motards. L’engin que je pilote est aussi d’une agilité diabolique. En principe, il passe partout. Par contre, ce sont les petits ennuis que je redoute. Si la mécanique me lâche au milieu de nulle part, je devrai compter sur la solidarité des autres équipages pour réparer. Mais si c’est une crevaison qui m’arrête momentanément, pas de problème : je me traînerai sur les fesses pour changer la roue. Au lieu de deux minutes pour un équipage valide, j’en mettrai dix mais ce n’est pas bien grave. L’important, c’est de rejoindre Dakar le 19 janvier. » Conscient qu’il faut ménager sa mécanique, le Brabançon s’est juré d’aborder la première semaine de manière relativement calme. « L’important, c’est d’arriver à la journée de repos avec du matériel assez frais », lance-t-il. « Une fois arrivé en Mauritanie, il sera encore temps de hausser le rythme si c’est nécessaire. » Une approche relativement attentiste qui n’a pas empêché notre compatriote de signer le 7e temps du classement auto-camion de la mise en (ba)bouche proposée ce mardi à la sortie du bateau. « Il y avait déjà quelques subtilités de navigation mais je n’ai pas hésité. Franchement, je n’ai pas roulé au-dessus de mes pompes. De toute façon, ce chrono établi sur 24 km n’a guère de valeur. Les choses sérieuses commencent ce mercredi avec une spéciale de 329 km. Je vais l’aborder parfaitement reposé. Après la mise en jambes à la sortie du port, les organisateurs ont eu la bonne idée de nous proposer de charger nos véhicules sur des camions pour rejoindre le bivouac. Ce qui m’a permis de me reposer dans la cabine d’un bahut pendant 490 km. » En Afrique, pas ailleurs.

Au fait, pourquoi Geoffroy Noël de Burlin s’attaque-t-il à l’Africa Race et pas au Dakar ? « Ce rallye-raid, c’est en Afrique qu’il doit se dérouler et nulle part ailleurs », assène-t-il. « L’épreuve m’a si souvent fait rêver quand j’étais gamin. Eh bien, j’y suis. Je dois aussi admettre que la course dessinée par René Metge est beaucoup moins onéreuse que le Dakar. Comme je suis limité en budget, les organisateurs ont aussi été très compréhensifs à mon égard. C’est eux qui trimbalent mes quelques pièces de rechange. Le soir, c’est un pote (Gauthier Duwlez, ndlr) qui se chargera de vérifier le Polaris. J’espère vraiment ne pas lui donner trop de travail. »

Texte: Dominique Dricot

Source : “Le Soir”

Source : http://www.plus.lesoir.be.be